DANS LA MAISON, de François Ozon


Note : 16/20

Dans la maison est un film que je conseille absolument. La bande-annonce l’annonçait comme une comédie dramatique, et je n’ai pas été déçue.

Le synopsis : « Un garçon de 16 ans s'immisce dans la maison d'un élève de sa classe, et en fait le récit dans ses rédactions à son professeur de français. Ce dernier, face à cet élève doué et différent, reprend goût à l'enseignement, mais cette intrusion va déclencher une série d’évènements incontrôlables. »

Tout d’abord la photographie du film est très réussie, à partir du collage du début et jusqu’à la vue de la fin elle est remarquablement soignée. La maison du film est un personnage à part entière que l’on suit de l’extérieur et de l’intérieur à travers les saisons.

Le scénario est original et la mise en scène y correspond parfaitement. La narration est bien accordée à l’image et se fond en elle. Les personnages peuvent surgir dans des scènes où on les attends pas et le mélange fiction/réalité joue un rôle intéressant.

Le tout est porté par des acteurs de haut niveau. J’ai toujours eu un peu de mal avec Fabrice Luchini, parce que quel que soit le personnage qu’il joue il fait toujours du Luchini. Mais dans ce rôle là, bien qu’il soit toujours un peu présent, il arrive à s’effacer et à très bien porter le rôle de ce professeur en crise existentielle. Kristin Scott Thomas est quant à elle excellente et c’est finalement le personnage auquel on s’identifie le plus. Enfin, le jeune Ernst Umhauer démontre de grands talents d’acteur et se met au niveau de Luchini. Son regard froid et ses attitudes perverses sont jouées à la perfection, si bien qu’un plan sur lui donne des frissons et suscite un certain malaise. La famille « des rafas » ne fait certes pas d’étincelles face aux trois premiers acteurs, mais performent convenablement pour des rôles moins profonds.

Je conseille tout de même de regarder la bande annonce avant d’y aller, histoire de savoir à quoi s’attendre. Mais c’est du bon Ozon, un film dont on ressort satisfait. 

LA GRAND MERE DE JADE , de Fréderique Deghelt


Note: 17/20

La grand-mère de Jade est un roman doux et attachant comme ses personnages. Il raconte la cohabitation d’une trentenaire parisienne et de  sa grand-mère savoyarde. Leur amour des livres et de l’écriture les rapproche et Jade apprend à connaitre la femme qui se cache derrière sa grand-mère. 

J’ai souvent du mal avec les livres dont le  narrateur n’est pas fixe est navigue entre les personnages, mais ici, le charme opère et cette triple narration (Jade, sa grand-mère, le narrateur omniscient) apporte beaucoup à l’histoire. Ce procédé est très bien gérée, il n’y a pas de redite, et l’histoire avance bien grâce à cela. Si les interventions de la grand-mère au départ peuvent paraître lourdes, on s’y habitue rapidement. Frédéric Deghelt énonce de manière évidente son amour des grands auteurs, et elle nous donne envie de nous y replonger ou de les découvrir.

Le fossé intergénérationnel ainsi que les relations grand-mère/petits enfants est remarquablement dépeint, et sur la toile de fond de cette cohabitation, c’est les différences entre époques qui sont narrées.

La grand-mère de Jade est un roman que je recommande, sans mélancolie, il nous remémore les embrassades sucrées de nos grand-mères, et nous rappelle la connaissance et la richesse souvent oubliées des personnes âgées.  J’ai pris grand plaisir à lire ce livre, essayant à chaque fois de m’en laisser pour plus tard et c’est avec une certaine tristesse que je l’ai achevé.

Les confessions de l’auteur dans les dernières pages sont touchantes, et on ne peut ensuite  qu’admirer la force et la réalité de son récit. 

TED, de Seth MacFarlane


Note : 13/20

Ted est un film qui divise, soit on aime l’humour scato de type american pie ou totalement loufoque à la Harrold est kumar et dans ce cas là, on adore, soit on n’aime pas ce type d’humour et on passe son chemin.
Je n’avais pas vu la bande-annonce et je ne savais donc pas à quoi m’attendre. J’ignorai même que la voix française de Ted était celle de Joey Starr, dont l’étendu du talent m’impressionne encore cette fois-ci.

Le synopsis de Ted : « À 8 ans, le petit John Bennett fit le vœu que son ours en peluche de Noël s’anime et devienne son meilleur ami pour la vie, et il vit son vœu exaucé. Presque 30 ans plus tard, l’histoire n’a plus vraiment les allures d’un conte de Noël. L’omniprésence de Ted aux côtés de John pèse lourdement sur sa relation amoureuse avec Lori. Bien que patiente, Lori voit en cette amitié exclusive, consistant principalement à boire des bières et fumer de l’herbe devant des programmes télé plus ringards les uns que les autres, un handicap pour John qui le confine à l’enfance, l’empêche de réussir professionnellement et de réellement s’investir dans leur couple. Déchiré entre son amour pour Lori et sa loyauté envers Ted, John lutte pour devenir enfin un homme, un vrai ! »

Le scénario du film est sans grand intérêt, c’est une peluche qui parle ancienne star désenchantée qui fume des pétards et boit beaucoup trop. La tentative de créer un rebondissement avec le kidnapping ne sert à rien et essouffle un peu la machine. 

La vraie « réussite » du film est de nous faire rire, les références aux années 80, les blagues débiles et scatos sont vraiment pas mal (si on aime ca). Mark Walhberg joue bien, le gentil imbécile immature et Mila Kunis est toujours aussi craquante, bien que son personnage ne serve pas à grand-chose dans l’histoire. Une petite mention spéciale pour Joel McHale de la série community qui joue le patron dragueur de Mila Kunis et sort l’une des meilleures blagues du film, une blague qui passe pourtant inaperçue.

Cette petite comédie américaine pipi/caca/prout est construite comme un gros délire entre potes, et j’y ai adhéré.  Je ne la conseille qu’aux fans du genre. Encore une fois, on évite d’amener les enfants ! Ce n’est pas parce qu’il y a un ours sur l’affiche que c’est indiqué. 

LE MAGASIN DES SUICIDES, de Patrice Leconte

Note : 03/20
"Imaginez une ville où les gens n’ont plus goût à rien, au point que la boutique la plus florissante est celle où on vend poisons et cordes pour se pendre. Mais la patronne vient d’accoucher d’un enfant qui est la joie de vivre incarnée. Au magasin des suicides, le ver est dans le fruit…"

Grosse déception pour ce film de Patrice Leconte, un livre de qualité adaptée en niaiserie musicale. Le livre de Jean Teulé que j’avais beaucoup aimé, souffre clairement de cette comme si le transformer en comédie musicale n’était pas suffisant, Patrice Leconte a choisi d’en changer la fin ! L’ironie du livre ne se retrouve absolument pas dans ce film, qui bien qu’il ne dure qu'1h25 en parait 3. 

Il semble clair que Leconte a tenté d’imiter les films de Tim Burton, avec un sujet sombre et des animations qui tranchent, mais il le fait malheureusement sans aucun talent.

Les chansons sont d’un niveau absolument grotesques, les rimes sont affreuses elles ont l’air d’avoir été écrite par des enfants, les rythmes mous et peu entraînants. Bref c’est franchement mauvais et parfois même malsain.


Il y avait de nombreux enfants dans la salle lorsque j’y suis allée, je ne suis pas sure, que ce soit très indiqué, d’abord à cause de la qualité du film mais également parce que le sujet ne se prête réellement pas à un visionnage par le jeune public.


Je le déconseille absolument. 

LA DAME DE FER, de Phyllida Lloyd



Note : 12,5/20
« Margaret Thatcher, première et unique femme Premier ministre du Royaume-Uni (de 1979 à 1990), autrefois capable de diriger le royaume d’une main de fer, vit désormais paisiblement sa retraite imposée à Londres. Agée de plus de 80 ans, elle est rattrapée par les souvenirs. De l’épicerie familiale à l’arrivée au 10 Downing Street, de succès en échecs politiques, de sacrifices consentis en trahisons subies, elle a exercé le pouvoir avec le soutien constant de son mari Denis aujourd’hui disparu, et a réussi à se faire respecter en abolissant toutes les barrières liées à son sexe et à son rang. Entre passé et présent, ce parcours intime est un nouveau combat pour cette femme aussi bien adulée que détestée. »

La dame de fer est un « plutôt bon film »,  alors qu’il aurait pu être extraordinaire. Il avait tout, pourtant, une histoire phénoménale, celle d’une femme issue de la classe moyenne qui devient premier ministre. Une femme forte, qui réduit à néant les stéréotypes féminins (pour le coup elle est bien peu sensible cette Tatcher !). Une actrice merveilleuse, Meryl Streep, ma préférée, et aussi de gros moyens…
Si au départ j’ai cru que le gros problème du film résidait dans sa narration (la réalisatrice a fait le choix de construire son film en flash-back). Je me suis rendue compte à la fin qu’en réalité la chose qu’on peut lui reprocher, c’est la trop grande importance donnée aux dernières années de la dame de fer. En fait, la plus grande partie du film se concentre sur la Vieille Tatcher, atteinte d’Alzheimer qui voit son mari mort.
On a ici, la grande histoire de la première et seule femme premier ministre, et on se concentre sur sa période de sénilité. C’est bien dommage. Lloyd aura surement voulu nous montrer que finalement ce n’est qu’une femme, j’en conviens, mais quelques minutes voir 30 auraient suffi, là c’est la plus grande partie du film ! On finit par passer à coté du propos, la dame de fer, Une plus grande concentration sur son accession au pouvoir, ou sa gouvernance, aurait été souhaitable.

Malgré tout, ne serait-ce que pour le cours d’histoire et la prestation de Meryl Streep, il peut être recommandé. Mais vous voilà prévenus. 

THE DESCENDANT, d’Alexandre Payne


Note : 15/20
Ma première réaction en sortant du film fut, c’était bien mais de là à être nominé aux Oscars…Cependant, en y repensant, George Clooney m’a bien fait oublier George Clooney et j’ai eu du mal à me détacher de l’histoire après le visionnage. Je pense même aller le revoir.

L’histoire : A Hawaii, la vie d’une famille bascule. Parce que sa femme vient d’être hospitalisée suite à un accident de bateau, Matt King tente maladroitement de se rapprocher de ses deux filles, Scottie, une gamine de dix ans vive et précoce, et Alexandra, une adolescente rebelle de dix-sept ans. Il se demande aussi s’il doit vendre les terres familiales, les dernières plages tropicales vierges des îles, héritées de ses ancêtres hawaiiens. 

Puisque c’est la prestation de Clooney qui est au centre des remarques, je vais concentrer ma critique là-dessus. Il excelle dans ce rôle, il faut le reconnaitre. Il n’a jamais été si subtil,  honnête et émouvant, spécialement dans ses interactions avec ses filles mais aussi avec Sid l’ami de sa fille ainée qui les accompagne dans leur quête. Celui-ci apporte des moments comiques et une sagesse inattendue.
Bien loin des personnages « cool » qu’il joue habituellement, George Clooney est grisonnant, cerné, peu « fashion » dans ses chemises hawaïennes à manches courtes et ses tongs, ce qui aide à oublier l’acteur au profit du personnage.
La prestation de Shailene Woodley (The secret life of the american teenager), est elle aussi remarquable.

On pouvait s’attendre à plus hilarant ou plus touchant, mais avec son honnêteté sous-jacente et son authenticité il nous fait nous souvenir des personnages pendant longtemps.
La façon étrange de courir de George Clooney, les cousins nombreux et faussement sympathiques, amplifient le ton de tragi-comique du film tout cela rehaussé par la musique traditionnelle Hawaïenne.

Ca vaut le coup de le voir ne serait-ce que pour la performance de Clooney, celle de la jeune actrice Shailene Woodley mais aussi pour découvrir Hawaï, qui a aussi une grande importance dans le film. 

TRUST de David Schwimmer

Note : 14,5/20

Trust est un bon film que peu de gens verront, tout simplement parce qu’il traite d’un sujet peu avenant et qui met mal à l’aise (viol d’adolescente par un pédophile rencontré sur internet).

Synopsis : Annie, 14 ans rencontre un jeune garçon de son âge, Charlie, sur un chat de Volley-Ball. Leur amitié virtuelle grandit et se transforme peu à peu en relation amoureuse, Charlie révèle qu’il est juste un peu plus âgé qu’il ne l’avait laissé entendre. Annie reste fascinée par lui. Mais le masque finira par tomber et cela déclenchera un engrenage que personne n’aurait pu imaginer, mais qui changera définitivement la vie de toute la famille…

En examinant l’effet complexe et dévastant des relations que les prédateurs sexuels entretiennent avec leurs victimes et leur famille, Schimmer prend soin d’éviter le sensationnalisme et reste concentré sur l’histoire.  Il fait preuve d’une grande sensibilité, et malgré quelques tentatives de commenter la sexualisation des enfants, réalise un film bien mené qui pourtant explore un sujet difficile. J’ai appris ensuite, que le réalisateur a travaillé pendant des années au sein d’une fondation pour les victimes de viol, et c’est ce qui a inspiré l’histoire.

La réalisation est claire et sans fioritures avec peu de musique. L’intégration des conversations SMS et chat ne dérange pas outre-mesure bien qu’assez peu esthétique. Le film prend de l’ampleur grâce à la prestation des acteurs. Si Catherine Keener joue pleinement son rôle de mère compatissante, c’est seulement pour mieux mettre en avant les remarquables prestations de Clive Owen et Liana Liberato.  

Un bon film, à ne pas mettre entre toutes les mains puisqu’il comporte des scènes évocatrices et dérangeantes.